Approches Interdisciplinaires du Web

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Le Web et le futur de l’éducation

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Le centre Hellenic Cosmos le soir

Le centre Hellenic Cosmos le soir

La relation entre le web et l’éducation peut et doit être une association à bénéfice réciproque. Julia Minguillon, du département informatique et médias de l’Université Libre de Catalogne, nous le démontre à travers l’histoire et le futur de la rencontre entre web et éducation.
L’UOC, université qui propose uniquement de l’enseignement à distance, compte en 2009 34 000 étudiants, et propose des enseignements en catalan, espagnol et anglais débouchant sur 20 diplômes différents. En 1994, elle ne comptait que 200 étudiants pour 2 diplômes. Ces chiffres reflètent les changements énormes qui ont eu lieu durant ces 15 dernières années.
Pendant longtemps, le e-learning a été vu comme un parent pauvre des systèmes d’éducation classiques. De moindre qualité, l’enseignement à distance permet ce « apprendre quand je veux, où je veux » ; l’étudiant classique a une quarantaine d’année, a un emploi. Il reçoit des contenus, mais il est isolé, et n’a pas d’interactions avec des professeurs ou d’autres étudiants.
Désormais, grâce à l’apparition du web 2.0, le statut du e-learning a changé. Il s’appelle désormais web-based learning. Les mots d’ordre en sont : personnalisation, abondance de contenu, liberté. L’interaction est placée au coeur de l’apprentissage. Cette direction est promue par le processus de Bologne (qui vise à créer une European Higher Education Area).
Dans le futur, les ressources pour l’éducation seront disponibles pour tous. L’apprentissage sera centré sur la capacité à créer des liens entre les objets (c’est le connectivisme). Le méta-apprentissage, c’est à dire l’ « apprendre à apprendre » deviendra essentiel. Et l’apprentissage devra se faire tout au long de la vie.

Minguillon mentionne (trop) rapidement le fait que c’est la technologie qui permet l’apparition de ces nouvelles formes d’apprentissage.  Au delà de ce rôle passif de permission, je crois que la technologie est surtout une formidable force d’entraînement. C’est peut être l’observation de nouveaux usages sur internet (construction collaborative de savoirs et d’outils, vagabondage et sérendipité,  évaluation collective des contenus) qui permet aujourd’hui la réactivation des théories sur l' »apprentissage actif » ou « métaapprentissage » (voir par exemple le knowledge building). Si l’on considère également les capacités d’accueil limitées des universités  classiques, et l’afflux massif de nouveaux étudiants* dans les prochaines années dans les pays en développement, il devient évident que nous  devons dès maintenant prendre un tournant radical et imaginer de nouvelles formes d’éducation utilisant à plein les possibilités du web.

* Un petit chiffre calculé à la louche : en France, d’après le ministère, environ 1.78 millions de personnes sont engagées dans des études supérieures (environ 1 habitant sur 40). En Inde,  c’est le cas de seulement une personne sur 100 (il y a 10 millions d’étudiants Indiens répartis dans plus de 300 universités). Dans une vingtaine d’année, si l’Inde a atteint un niveau de développement comparable au nôtre, elle comptera 40 millions d’étudiants (1 sur 40 de ses 1.5 milliards d’habitants). Ce seront donc 30 millions de nouveaux étudiants auxquels l’Inde devra faire face. Si les systèmes d’éducation ne changent pas, alors l’Inde devra construire une université à la capacité d’accueil de 30000 étudiants toutes les semaines pendant les 20 prochaines années.

Written by François

20 mars 2009 at 11:10

Tim Berners Lee a la pêche

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On l’a vu en vrai, Tim Berners-Lee, inventeur du web. Dans la grande salle de conférence du Hellenic Cosmos, devant le président grec, le ministre de la culture, le gratin athénien et les participants de websci09, il a parlé pendant une heure du Web, depuis son invention jusqu’à la création de la « World Wide Web Foundation » en 2008.

Son discours était bien rodé, il parlait vite, parfois il bafouillait un peu, en tout cas il avait l’air très excité par son sujet. « 10 puissance 11 pages web, imaginez, autant que de neurones dans un cerveau humain. Maintenant, on boit un verre de vin, le nombre de neurones diminue. Le web, lui, grandit, et grandit de plus en plus vite ».

Il a conclu son discours en parlant de la webfoundation, qui a pour but de promouvoir un web « libre et ouvert ».

Enfin, il a grimpé les escaliers de l’auditorium quatre à quatre pour tendre son micro à l’auditeur qui a posé la première question (« est-ce que l’on crée un Big Brother ? »).

Après les questions, le président de la république héllénique s’en va, suivi par une bonne partie de l’auditoire.  Il nous reste une présentation de Josep Sifakis, puis le cocktail de bienvenue … brochettes, boulettes de viande, vin blanc grec et discussions…

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Written by François

18 mars 2009 at 9:54

Comprendre l’impact du web sur la littérature scientifique (une synthèse de l’après-midi)

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Ce qu’il faut souligner, c’est la très grande variété des préoccupations des uns et des autres: de la dimension cognitive de l’outil, aux inquiétudes d’une doctorante quant à la diffusion de ses idées, une tentative de synthétiser  toutes ces idées…

Idéalement, cet outil devrait rendre disponibles toutes les productions scientifiques, directement, sans délai, sans distinction de lieu, et gratuitement, cela change le rapport du scientifique à sa production. Une visée de court  terme (on écrit un papier, puis un autre, et on s’empresse d’oublier les premiers),une  pensée autour de  questions simplifiées, conçues pour être traitées en un papier, etc.

Autre point crucial: le web rend lisible  le réseau des publications scientifiques, les liens entre elles, définis à partir de données fondées sur le sens, le contenu des papiers, la connaissance produite elle-même. les relations qu’entretiennent les publications entre elles, un genre de réflexivité liée à la nature de l’outil de diffusion, n’est pas dénué de toute signification; elles peuvent avoir leur importance dans l’émergence de nouvelles idées, cet retracer les réseaux des publications peut aider…

D’un autre côté, les relations entre les publications scientifiques sont aussi (d’abord?) des relations entre humains, guidées par des liens affinitaires, des projets en cours: c’est un contexte particulier, très « réel », non lisible directement dans le contenu des papiers et que pourtant il faut connaître dès que l’on prétend faire de la recherche: On peut donc dire que le web contribue à décontextualiser la production scientifique. 

Le constat, aujourd’hui, c’est que l’on ne tire pas suffisamment profit des opportunités offertes par cet outil.

Il ne s’agit pas de privilégier un contexte sur l’autre, mais de devenir capable d’articuler ces deux choses. Concrètement, Leslie Carr ( de l’université de Southampton) propose une synthèse provocante et stimulante ( Why the web never took off in scholarly communication?) en s’interrogeant sur le cas des pages personnelles des chercheurs.

D’abord, il souligne que le Web change le rapport du scientifique à sa discipline, à la science. En rendant virtuellement toute la « littérature » scientifique d’un domaine accessible, on donne du crédit à l’idée qu’il existe quelque chose comme une littérature d’un domaine. En fait, cette chose ne va pas de soit; les productions scientifiques sont situées, dans le temps et dans l’espace, dans un contexte social. On produit du savoir en un temps en un lieu donné, avec des personnes données. Qu’il soit parfois utile de pouvoir dépasser ce contexte ne signifie pas qu’il faille à tout prix chercher à l’oublier.

Dans le cas des pages personnelles des chercheurs, il invite à la responsabilité. Sur le web, il ne s’agit pas seulement d’une logique de consommation (je souhaite atteindre facilement toutes les publications d’une personne) ou de promotion (il ne s’agit plus seulement de communiquer sur les contenus produits, mais de rendre accessibles ces mêmes contenus) ; c’est est un outil-projet participatif, c’est à chacun de veiller à l’accessibilité du contenu qu’il produit.

Précisément, les pages personnelles des chercheurs constituent le lieu privilégié où pourraient s’articuler ces deux contextes, réel et sémantique : il est très dommage qu’elles soient souvent délaissées…

Written by clairefilou

18 mars 2009 at 4:30

L’atelier « curriculum en sciences du web » : rien de très neuf

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WebScience Workshop

Rien de neuf, mais il faut dire que 16 participants seulement étaient prévus ; au lieu de ça, une soixantaine de personnes se sont retrouvées dans la salle de conférence du « Hellenic Cosmos »  (centre culturel de la fondation du monde héllénique). La discussion est donc restée un peu superficielle, même si le moment où chacun des 10 projets de curriculum suggérés ont été présentés a été intéressant.

Le débat commence de façon très classique, par une opposition entre humanités et informatique. D’un côté, les informaticiens, attachés aux aspects techniques du web. Selon eux, on ne peut étudier le web sans comprendre la technique qui le sous-tend. Il faut comprendre le médium pour être capable de le concevoir. De l’autre côté, les sociologues, regroupés derrière le mot d’ordre « get rid of the geeky tech ! » lancé par Catherine Pope (organisatrice du débat).

Ce « either…or » est ensuite remplacé par un « either… and ». Selon une philosophe, les deux aspects doivent être articulés et un travail conceptuel est nécessaire pour associer les aspects techniques et les aspects sociaux du web.

Un autre courant se dessine, formé par les personnes venant du web sémantique et de l’intelligence artificielle. Deux aspects les motivent : il faut des outils pour comprendre, tirer du sens, rendre utilisable les vastes quantités de données présentes sur le web ; et il faut concevoir le web de demain (sous entendu le web sémantique).

A noter, une intervention amusante sur le thème « on n’a pas besoin de web science ». Le même débat pourrait avoir eu lieu il y a 3000 ans, en Mésopotamie. A cette époque, des discussions ont sans doute eu lieu pour créer une « writing science » ; selon l’intervenant, cette « writing science » n’a toujours pas été créée.

Enfin, le débat s’est fini sur une intervention de James Hendler visant à recentrer le débat sur la question des curriculums en Science du Web ; il ne faut pas oublier que nous avons besoin de former des gens qui comprennent le web et prédisent son futur ; des personnes par exemple capables de concevoir le facebook de demain (i.e., un meilleur facebook).  En bref, des personnes capables de produire un web meilleur.

La suite du débat tourne autour de la question suivante : de quelle discipline voulons-nous nous débarrasser ?

Voici quelques interventions intéressantes suite à cette question, lancée par Cathy Pope :

  • on n’a pas besoin de se débarrasser de quiconque, on doit réaliser une « fusion » entre les disciplines
  • il faut se débarrasser de l’informatique : car les informaticiens sont dangereux, ils aiment les choses exactes, ils pensent qu’on peut modéliser tout et n’importe quoi. Alors que le web est une entité complexe, qui doit être comprise à travers le prisme des humanités.
  • il faut trouver des emplois pour ces étudiants (remarque : une seule personne ici travaille dans une entreprise, les autres sont des universitaires)
  • le web est un miroir du monde ; tout ce que nous faisons dans le monde, nous le faisons sur le web ; or il n’y a pas de curriculum sur « ce que nous faisons dans le monde » ; il faut emprunter une approche « constructiviste », écrire un agenda de recherche et se focaliser sur quelques questions.

Written by François

18 mars 2009 at 10:55

Publié dans Compte-rendus

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Les auteurs

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Nous sommes des étudiants impliqués dans le projet de montage de master « Science du Web » à Paris, lancé conjointement par le centre de recherche interdisciplinaire (Université Paris Descartes) et la Cantine (espace de coworking pour les acteurs du numérique à Paris).
Durant l’année 2008-2009, nous avons réfléchi à la science du web à travers des ateliers de travail, des séminaires, etc… En parallèle, nous avons écrit la maquette d’un projet de master « Science du Web », que nous désirons faire accréditer par une ou plusieurs universités.
Enfin, nous allons lancer un débat public sur la « science du web » grâce à un cycle de conférences à la Cantine, qui consisteront en des dialogues entre un représentant du monde académique et un représentant du monde de l’entreprise.

Mathieu Bertolo : je suis étudiant en master d’histoire des sciences, technologies et sociétés. Je participe au projet de master « science du web » de Paris. Je m’intéresse particulièrement aux nouveaux espaces  de collaboration, d’expression (humaine, politique, citoyenne, scientifique) et de travail en ligne, spécialement les espaces en trois dimensions.

François Blanquart : j’ai étudié la biologie à l’ENS, et je m’occupe cette année de la coordination du projet de master en « science du web ».

Dominique Cardon : sociologue au laboratoire des usages d’Orange Labs, je travaille sur les réseaux sociaux et le web 2.0.

Claire Filou : je suis étudiante en master d’histoire des sciences, technologies et sociétés. Je participe au projet de master « science du web » de Paris. Je travaille sur l’usage du web comme moyen de communication interpersonnel.

Dilara Trupia : formée en sociologie puis en histoire des sciences, technologies et sociétés, je travaille actuellement sur une étude portant sur la maniere dont les outils web 2.0 modifient l’exposition de soi et le maintien des relations sociales sur internet. Je cherche à diffuser cette étude à l’international.


Written by François

18 mars 2009 at 8:33

Publié dans blog

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